L'huile d'Oliver

Publié le par Rosélène et Nicolas

Laissez moi vous conter notre première aventure dans une ferme du réseau wwoof.

 

Petit rappel pour les retardataires : Le wwoof (willing work on organics farms) n'est pas le bruit que fait le chien lorsqu'il aboie mais une association qui permet à des agriculteurs biologiques "d'engager" des personnes volontaires pour les aider dans leurs travaux. Ils les logent et les nourrissent en l'échange de quelques heures de travail. Idéalement, ils peuvent apprendre des techniques aux wwoofers. Il n'y a pas de salaire puisqu'il s'agit de bénévolat.

 

Nous arrivons à Orgiva, en Andalousie. Une petite ville coincée entre deux chaînes de montagnes, où se retrouvent baba-cools, wwoofers, hippies, buveurs de cannettes aimant les places publiques et les chiens, anglais, allemands et quelques irréductibles espagnols.

Oliver, 44 ans, sympathique, est allemand et s'est installé ici il y a vingt ans pour faire son petit potager biologique (pas vu), louer de charmants "cottages" à des prix, que personnellement je trouve indécents même si c'est surement la norme, et enfin, mettre en place son petit business en produisant et vendant son huile d'olive pas encore biologique. Mais c'est un grand projet alors "c'est pas possible pour l'instant" nous a-t-il dit. D'après ce que j'ai compris, les pieds d'oliviers sont biologiques mais le moulin, lui, n'est pas équipé pour faire de l'huile selon les critères du label AB. Tant pis.

Premier jour de notre première expérience en tant que petit wwoofer plein de bonne volonté.

9h du matin, nous sommes au moulin en question, un large entrepôt tout propre. Nous rencontrons Alex, allemand lui aussi, le partenaire d'Oliver.

"Tu n'as que ces vêtements pour travailler ? demande t-il à notre collègue wwoofer, habillé en randonneur puisqu'il voyage en vélo.

- Oui, répond ce dernier.

- Es tu certain d'être un wwoofer ?" rétorque Alex en se moquant de lui.

Ok, lui c'est le gaillard avec la goutte au nez mais qui ne s'en rend jamais compte.

Il nous plante alors devant une grosse machine, haute de plus de deux mètres, recouverte d'une épaisse couche de crasse graisseuse et dégoutante.

" Vous allez nettoyer la machine et l'autre aussi."

L'autre ? C'est la sœur jumelle de la première machine, tout autant dégueulasse !

"Voilà des flacons de Sosa, c'est comme un savon super puissant pour laver les machines"

Je n'ai pu retenir un éclat de rire lorsqu'il nous a présenté ses copines les machines pour faire de l'huile d'olive. Comme Alex aime quand ça brille, nous passons deux matinée la tête dans la graisse, tordu dans tous les sens pour atteindre les dernières traces de cette mélasse qui s'accroche dans tout les recoins des pièces métalliques qui forment cet ensemble, à astiquer ces machines énormes, avec autant de minutie, et en utilisant un savon chimique supra décapant. Ce n'est pas exactement l'idée que je me faisais du wwoofing ! Es-tu certain d'être un agriculteur biologique Alex ?

Le meilleur, c'est lorsque l'on demande où l'on doit jeter l'eau immonde de notre seau plein de saletés et de Sosa, le supersavonchimique :

" Qu'est ce que je dois faire de ça ? Articule Rosélène.

- Je ne sais pas, balance le n'importe où !

- ... ! "

Ok, c'est pas ici qu'on va apprendre la nouvelle astuce pour recycler les produits chimiques !

A la fin de la journée, Daniel, notre collègue wwoofer allemand, a un pouce brûlé, jauni par l'action du produit, Steeve, l'autre collègue, anglais celui-ci, se retrouve avec une croûte sur la face, et Rosy a la peau des mains qui pêle.

Pas d'équipement de protection suffisant et ils ne se soucient aucunement de la composition de cet étrange Sosa, le supersavonchimique.

 

Nous sommes tous les quatre logés dans un des merveilleux cottages (petite maison andalouse typique). Sur l'immense terrasse, vue sur les montagnes, dans un petit coin de verdure magnifique où règne un calme qui laisse les oiseaux chanter sereinement.

Le feu crépite dans la cheminée tous les soirs et nous sommes nourris chez Oliver chaque midi quand nous travaillons (Du lundi au vendredi, pendant 5 heures le matin)

Ses parents sont là pour passer l'hiver loin des -20°c en Allemagne et sa maman se révèle être une cuisinière hors pair. Dinde, pomme de terre, endives au jambon, tout est bon, délicieux, très bien cuisiné. Oliver nous paie les courses pour les autres repas.

Mais par contre rien de biologique là-dedans, ni en provenance d'un éventuel potager. Et seulement des aliments basiques. Heureusement nous avons deux bons atouts en cuisine, Rosélène évidemment, et Steeve, qui a été cuisinier et qui, pour un anglais, nous régale tout à fait.

 

Lundi matin, nouveau chantier. Améliorer les abords de la piscine du cottage et couper des bambous envahissants. Nous creusons une profonde tranchée avec pelles et pioches lorsqu'Oliver nous enseigne :

"On va couler du ciment dans la tranchée pour empêcher les bambous de s'étendre à nouveau."

Ah ok, j'avais pas pensé à ça non plus en venant wwoofer, mais puisqu'il dit que tous les jardiniers font ça ! Drôle d'idée selon nous mais puisque nous n'y connaissons rien. J'avais pourtant lu quelque part que les produits Lafarge n'avait rien d'un idéal, à vérifier.

 

Ainsi, ici où même les toilettes sont chimiques, nous n'allons pas nous éterniser car nous n'apprenons rien et nous travaillons pour un agriculteur apparemment dénué de toute conscience écologique et faisant ce que j'appelle du business-biologique. Vendant son huile sur un marché juteux en Allemagne ou ailleurs et profitant de cette situation agréable, où il fait bon vivre au soleil, là où les jolies maisons se monnaient à bas prix lorsque l'on vient d'outre-Rhin.

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S
hey man !!!<br /> pour les banbous on creuse a 1m50 et on place une bache super epais. apparament il y a des malades partout !!!
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R
<br /> Je pense que l'idée est bonne en effet, on y avait pas pensé, mais on se disait bien qu'il existait d'autre alternatives !<br /> <br /> <br />