A l'assaut de la campagne andalouse

Publié le par Rosélène et Nicolas

 

Bonjour à tous,

Voici nos dernières nouvelles d'Andalousie. L'article est un peu long et rassurez vous, le moral est au beau fixe. Vous allez vite comprendre… Bonne lecture !


Après avoir découvert deux de ses villes principales, Granada et Cordoba, nous enfourchons nos vélos, à l'assaut de sa campagne, cap sur Sevilla.


Après quasiment deux mois d'interruption, nous sommes tout contents de retrouver le plaisir de pédaler et notre indépendance. Mais, dès la sortie de la ville, une pluie fine, accompagnée d'un léger vent de face, testent notre motivation dans les premières côtes inattendues. C'est bon, les muscles ne sont pas trop "à plat".

Par contre, le paysage laisse à désirer. Nous pédalons au milieu de vastes exploitations agricoles clôturées de barbelés, de ternes superficies de terre labourée, d'infinies étendues désertées.

Où sont les prairies bordées de cactus ? Les paysages domestiqués par l'Homme perdent leur âme de Nature.

Quelques villages miteux ont échoués ici et là et s'étirent le long d'une route sans relief. Les chiens, nombreux en Andalousie, aboient à notre passage au milieu des déchets qui souillent les fossés. La pluie cesse épisodiquement pour laisser place à un ciel gris. Petite touche finale pour accentuer la morosité du lieu.


Puis, après Sevilla, les quelques collines de la Sierra de la Cruz disparaissent. Plus rien n'arrête le regard, pas même une haie ou un bosquet d'arbre, seulement quelques cabanes sales. Nous traversons un dernier village glauque, où croupissent des carcasses de camions accidentés, avant de pénétrer dans un no man's land, pardon, une réserve naturelle. La route rétrécit pour se transformer bientôt en piste, puis en cratères boueux. Si si, nous sommes sur une route communale, nous sommes même sur une route "touristique".

Pour se représenter l'hostilité du paysage, il faut imaginer une ligne droite interminable qui longe les abords souillés du Rio Guadalquivir, bordée de terrains agricole sans vie, si ce n'est quelques brebis égarées et rachitiques qui broutent les rares broussailles. Pas une maison à l'horizon. Rajoutez en fond sonore la musique de "Il était une fois dans l'ouest" et vous y êtes. Pour ceux qui connaissent, même le camp militaire de Vannes-Meucon paraît accueillant en comparaison. Pourtant, nous sommes au cœur d'une zone touristique (le secteur B-12 !), mais le seul "square" que nous croisons donne envie de pleurer : un terrain vague clôturé, parsemé de trois ou quatre bancs fatigués, de quelques palmiers dépouillés, avec vue sur groupe électrogène encerclé de barbelés.

Bien entendu, dans cette Nature privée de son essence, nul endroit pour s'arrêter. Nous pique-niquons sur les abords de la piste, assis sur un vestige de mur, dans une ambiance sinistre. Quant au campement, nous investissons des endroits de plus en plus insolites. Aucun foyer à l'horizon (et pourtant, on voit loin !), alors bien souvent, nous nous installons sur les bords des chemins, sous un arbre quand nous en trouvons un.

Néanmoins, la nuit dernière (29 janvier) nous n'avons vraiment rien à nous mettre sous la dent. Tout est clôturé autour de nous, les champs sont labourés, les chemins barrés par des portails cadenassés. Nous n'allons tout de même pas planter notre tente sur la route ! La seule ferme que nous croisons n'est pas habitée. "Que hacer ahora ?" La nuit tombe et nous en avons plein les pattes. Nous avons pédalé cinquante kilomètres sur une route défoncée, tantôt piste boueuse, tantôt nid de poules plus larges que la voie. A la nuit tombée, nous pénétrons donc dans l'enceinte d'un village de vacances déserté pour installer notre tente derrière les bâtiments, à l'abri des regards.

Mais je préfère encore cette soirée à celle du 25 janvier. A défaut de mieux, nous jetons notre dévolu sur un lit de rivière asséchée. Alors que Nico commence à déplier la tente, ce qui devait arriver arriva, la rivière jaillit d'on ne sait où de façon soudaine et spontanée. Nous éjectons en vitesse nos affaires sur la rive. "Que hacer ahora ?" Il n'y a absolument rien autour de nous, vraiment rien. A part un chemin vaseux qui grimpe un peu plus haut jusqu'à une sorte de cabane de chantier. Nous plantons donc notre tente au milieu de nulle part, entre cette cabane et une machine agricole, au pied d'un poteau électrique, sur une étroite bande de terre sèche au cœur d'un champ de boue. Le meilleur reste à venir. Le lendemain matin, pour nous extirper de cette mélasse (la terre est particulièrement collante en Andalousie), nous mettrons une heure à parcourir les 500 mètres qui nous séparent de la route (en portant d'abord les sacoches puis ensuite les vélos, ces derniers ne roulant plus en raison de la vase agglutinée sous les gardes-boue) puis encore une heure à décrotter nos montures pour qu'elles puissent à nouveau rouler. Jamais nous n'aurons été aussi sales !

Notre voyage commence à ressembler à une expédition, entre nos nuits farfelues au milieu de nulle part et les kilomètres sur route impraticable. Comme synonyme d'Andalousie, mon dictionnaire m'indique "porte de l'Europe". Je pense qu'on peut le voir ainsi. L'Espagne est si proche de la France, mais l'Andalousie si proche du Maroc !


Ainsi, comme souvent, les stéréotypes sont contrariés. Peu de soleil et beaucoup de pluie et de boue. Des paysages déprimants où végètent quelques chevaux efflanqués et entravés.


Néanmoins certains clichés ont la peau dure, notamment celui de l'andalou typique : petit et trapu, tranquille : "No te preoccupes", brun, de préférence avec un petit gilet, une chemise à carreaux et une casquette et qui parle fort et vite. D'ailleurs, les andalous ont un accent à couper au couteau. Autant écouter un québécois parler marseillais. Mais nous arrivons malgré tout à nous débrouiller, même si la compréhension relève parfois de l'intuition.


L'hospitalité andalouse n'est pas non plus une légende. Que ce soit à Granada, Cordoba ou Sevilla, nous avons vraiment été accueillis avec spontanéité et générosité. Et tous les gens que nous croisons sur notre route répondent avec chaleur à nos "Hola" et se décarcassent pour nous aider.


L'Andalousie est une terre de contraste…


A la morosité de ses champs ternes et sans vie s'oppose l'ambiance qui règne dans les supermarchés et dans les bars. D'ailleurs, au cœur du no man's land, sans que rien ne l'indique, il existe un bar, enfin, une petite bicoque paumée, rendez-vous des marécages !

De la même façon, les clôtures en barbelés et portails cadenassés qui se dressent autour de nous contrastent avec la chaleur des andalous et les multiples encouragements et saluts que nous recevons.


Et si la campagne nous laisse un souvenir sinistre, les villes de Sevilla, Cordoba et Granada sont à la hauteur de nos espérances et de leur réputation.


Les trois cités sont différentes et complémentaires. Nous sommes de toute évidence tombés sous le charme de Granada, de ses vieux quartier, du cachet de ses ruelles, de ses merveilles architecturales et des nombreux témoignages du règne arabe d'une époque révolue.

Cordoba, dont le centre ville est classé au patrimoine mondial de l'humanité, regorge de richesses culturelles et historiques. Chaque coin de rue porte la marque d'une ère différente, de l'antiquité romaine à la période contemporaine, en passant par les siècles de domination arabe. Ici une colonne romaine incrustée dans un pan de maison, là une église du XVème siècle qui côtoie une maison médiévale, un peu plus loin le palais des Marquis de Viana, bâti au XIXème. La formidable mixité de cette ville trouve sa meilleure expression dans la Mezquita, symbiose arabe et chrétienne, merveille architecturale où les influences variées se marient harmonieusement. Cordoba foisonne en patrimoine architectural, si bien qu'à la fin de la journée, nous n'arrivions même plus à apprécier la beauté des monuments.

Quant à Sevilla, l'ambiance de son cœur de ville est incomparable. Dès notre arrivée, nous apprécions le calme du centre, exclusivement piéton, mais pourtant très vivant et chaleureux. Ce paradoxe relève de la présence de très nombreux bars, conviviaux et animés. Inenvisageable de quitter Sevilla sans se laisser entraîner dans ses multiples bodegas et tavernas. Chacun de ces lieux de vie dégage une atmosphère typique et joyeuse. Comme partout à Sevilla, les murs sont chargés de décorations originales et cocasses : des icônes chrétiennes et tableaux religieux en passant par des natures mortes, des nus féminins et têtes de taureaux empaillés, la superposition du tout forme, comme vous pouvez l'imaginer, un ensemble assez bigarré.

Il faut aussi flâner dans le dédale de rues piétonnes, et se laisser porter par le hasard de son labyrinthe afin de découvrir l'habitat traditionnel andalou, composé de maisons basses, blanchie à la chaux et souvent bicolore (blanc et ocre ou rouge-bordeaux). Ses maisons sont souvent organisées autour d'une petite cour, lieu de fraîcheur et de convivialité.


Comme vous l'aurez compris avec l'article de Nico, l'épisode du wwoof à Orgiva n'aura pas été très concluant. L'ambiance était sympathique, mais nous ne sommes pas venus au fin fond de l'Andalousie pour parler anglais et travailler pour un faux-agriculteur allemand !

Cependant, afin de confronter les expériences, nous avons pris contact avec une autre ferme près de Malaga, notre prochaine étape…

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Hahahah j'aime beaucoup l'idee que tu penses a moi grace a mon sadisme, si c'est pas de l'amitie ca! J'ai hate de lire vos dernieres mesaventures et ne lesine pas a nous tartiner une bonne couche, j'ai la dale. gros beco a vous deux et bon courage.
Répondre
R
<br /> A Taaaable !!!!<br /> <br /> <br />
D
He les mignons, en voila d'l'aventure. C'est exactement ce qui manquait a votre blog, de la bonne vraie galere accompagnee de sa touche d'exotisme pour pimenter le tout. <br /> Ca fait toujours autant plaisir de vous lire meme si ca prend une demi heure par article. (connexion et longueur d'article en cause, a qui adresser les reclamations? ) A tres bientot sur la blogosphere de vos aventures.
Répondre
R
<br /> Yo l'ami contente de te "revoir" sur la "blogosphere" ! C'est le far west ici franchement, on vous a pas encore tout raconté et la dernière anecdote en cours d'écriture dépasse de loin toutes les<br /> précédentes ! J'ai bien pensé à vous (surtout toi et Jean) pendant ces moments de "galère", je me disais que vous attendiez que ça !<br /> Désolée pour les longueurs d'articles, j'ai laché la bride ! Biz biz<br /> <br /> <br />