Le Limousin
Nous avions déjà abordé le Limousin mi août sur son versant ouest, à travers la Haute Vienne. Cette région méritait bien une visite plus approfondie...
Pour mettre dans l'ambiance, le journal local est ici appelé "la Montagne". En effet, nous sommes sur les contreforts du Massif Central, les choses sérieuses commençent...
L'altitude du parc naturel du plateau de Millevaches se situe en moyenne entre 600 et 1000 mètres. C'est un grand plateau granitique qui s'étend principalement en Corrèze, nous allons le traverser de part en part.
L'origine du nom "Millevaches" ne vient pas de la densité de la population bovine, mais plus vraisemblablement des nombreuses sources qui parcourent l'ensemble du plateau. Sources, cascades, lacs, petits cours d'eau, rivières aux eaux limpides couleur rouille, tourbières... L'eau ne manque pas dans cette vaste région humide, qui est aussi une des réserves forestières de France. De grands chênes sombres bordent les routes et la nature déploie ici une palette de verts très variés.
Le parc naturel de Millevaches est une zone très sauvage. De petites routes serpentent entre les petits villages éparpillés. Les maisons se regroupent, les commerces sont rares. Le granit et l'ardoise dominent dans cette région isolée et rappelent d'ailleurs l'habitat finistérien. Les vaches et les brebis paissent dans de vastes prairies aux herbes folles et aux odeurs de terre mouillée.
Nous trouvons tout de même refuge chez des parisiens exilés à Chaumeil, sur les bords du Massif des Monédières. Nous sommes à 730 mètres d'altitude, la lumière a changé, il fait frais ici. Le calme règne.
Au cours du copieux petit déjeuner chaleureusement partagé, nous apprenons qu'il y a encore 50 ans, la région de Chaumeil était apparemment recouverte de landes et bruyères et peuplée d'agriculteurs. L'exode rural a mis fin aux cultures, la forêt a pris le dessus, bientôt gérée en exploitation. Le plateau de Millevaches en lui même (autour de Peyrelevade) est différent, plus aride, plus désertique : bruyère, végétation plus sèche aux tons jaunes.
La transition s'est faite en douceur depuis le Lot. Pourtant les différences entre les départements nous apparaissent assez nettes. La chaleur et l'aridité d'un milieu rocailleux calcaire qui accumule et rayonne la chaleur s'oppose à la fraîcheur et à la douceur des vastes et denses forêts corréziennes. Collines escarpées, végétation basse, éparse, broussailles, arbustes aux petites feuilles, herbes jaunies de chaleur sont caractéristiques des Causses du Quercy.
Des rencontres éphémères ponctuent notre route. Outre nos "hôtes d'un soir" qui nous accueillent le plus souvent avec un repas, un chambre et/ou le petit dèjeuner, nous croisons aussi de nombreuses personnes qui s'intéressent à nous. Car nous ne sommes pas spécialement discrets sur nos vélos. Le plus souvent, nous nous installons le midi sur la place du village, près de l'église, et restons une heure ou deux, le temps de pique niquer et de reposer les muscles. C'est souvent à cette occasion que les gens nous accostent et restent discuter avec nous.
"C'est dur le vélo dans le coin hein ?". Nous sommes à St Martial. "Oh, ça va..." Le monsieur est interloqué par ma réponse, il s'approche, intrigué. Nous avons l'expérience de la Dordogne et depuis Cahors les hauteurs s'enchaînent sans que nous nous en rendions vraiment compte. Nous sommes pourtant à environ 500 mètres d'altitude. Je lui explique notre parcours, il fait lui même du vélo et est assez admiratif de notre "courage". Mais quand je lui dis que nous sommes passé par St Bonnet d'Avalouze, il est littéralement abasourdi : " Même avec mon camion je la crains celle là ! En montant comme en descendant !". C'est vrai qu'elle monte à 9%. Il s'intéresse au compteur, aux sacoches, à notre carte... Puis s'en va travailler. Et revient nous voir quelques instants plus tard pour nous proposer un plongeon dans la piscine : il est le maître nageur !
Ne vous étonnez pas de ne pas trouver de description de la Creuse. Nous y avons pédalé pendant deux jours : deux jours de pluie. D'ailleurs il n'y a dans l'album qu'une photo prise du camping d'Aubusson où nous sommes bien cachés sous nos capuches... La Creuse nous est apparue assez vide et déserte, même si les paysages avaient l'air chouettes. Mais nous n'avons vraiment pas pu en profiter.
Nous sommes actuellement entrain de rouler à travers le Puy de Dôme, en direction de Roanne. En espérant que le temps s'arrange car pédaler sous la pluie, c'est assez tristounet...